COURANTS D’ART – Denise René, galeriste historique de l’abstraction à Paris (soixante-dix ans d’activité!), reste sagement assise, impassible devant ce cours du soir en arts appliqués.
Faire du Josef Albers en nouvelle cuisine, des Peintures sur papier qui se mangent! Au 19, rue Palestro (IIe), autour de la table de Mademoiselle M, les cuisiniers au long tablier blanc sur le costume gris anthracite sont plus diplômés que d’habitude. Les «scholars» américains du Josef and Anni Albers Foundation, leurs invités 5 étoiles – Serge Lemoine, ancien directeur du Musée d’Orsay, Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne (Mnam) au Centre Pompidou, Jonas Storsve, le directeur du cabinet d’art graphique de Beaubourg, les diplomates culturels de l’ambassade des États-Unis à Paris – composent. Le «blanc crémeux» avec un mélange de chou-fleur et cerfeuil tubéreux. Le «noir balsamique» avec de l’ail noir confit à l’eau de mer. Le «soleil d’hiver» avec un mixte de bergamote et butternut. L’«acidulé écarlate» avec cranberry et poivron. La chef s’appelle Eve Tribouillet-Rosencweig. Cela fait moins Bauhaus que Josef Albers, mais c’est bien une artiste.

Josef Albers en Amérique, Cabinet d’art graphique du Centre Pompidou (IVe), jusqu’au 30 avril.