Les mots d’Ève.

Un poète souhaitant rester discret, m’a envoyé un fabuleux remerciement versifié au lendemain d’un repas, semble-t-il fort apprécié. Avec son aimable autorisation, voici son message très inspiré.

Que deviendrait la vie sans cette joie de vivre

Qu’apportent les repas, parfois plus que les livres?

Les audaces des mets font jouir de la table

Oui, jouir par l’amour n’est pas plus délectable.

Eve par sa devise: « je cuisine donc je suis »

Interpelle Escoffier, Courtine et Curnonsky.

Elle remplit de bonheur papilles…et manies,

De nouvelles inventions dont son cerveau fourmille.

Troublante et sensuelle chaque bouchée subtile,

Montre d’Eve la magie, le savoir faire habile.

Le chapeau de Carême ne couvre pas son chef

Mais cependant c’est d’elle, qu’on se toque, derechef.

Son renom elle le doit à de brillants mets sages

Des verbes aromatiques semés sur son sillage.

Cuisinière émérite, elle vise l’excellence

Des épices et essences, les savantes alliances.

Innover sans choquer c’est le défi qu’elle lance.

Le vrai goût du produit n’est jamais en balance.

Sa cuisine superbe, enlevée, raffinée

Séduit notre palais et emplit notre nez.

Les couleurs, les textures, participent au prodige,

Les arômes et les goûts nous donnent le vertige.

Les produits raffinés, eux seuls ont la parole

Elle ne traite que ceux dont elle-même raffole.

Gingembre ou cubèbe, cannelle ou cardamome

On surfe sur l’orient aux multiples arômes

Ses épices nous invitent au voyage exotique

Leur puissance mesurée est toujours extatique,

Mêlant la résistance et la douce mollesse

De ses plats se dégage une grande noblesse

Ce n’est pas par ses chants que l’Opéra bouffe,

Le piano comme l’orchestre, n’accepte pas l’esbroufe.

Sa cuisine est un chœur à musique tonale

Ses mélanges d’audaces dignes d’un festival.

Eve par sa cuisine enrichit les festins.

Ses petits plats exquis forgeront son destin,

De son bateau racé elle peut lever les voiles,

Son chemin est tracé, il va vers les étoiles.

D.R.